Article paru le 22 aout 01 dans le journal "Le Temps". 

CINEMA. Le Zinéma à Lausanne projette un film réalisé pour la Résolution 261. Concluant .

Premier test artistique pour le mouvement Doegmeli

Rubrique:  culture

Un an après le début de leur action politique en faveur d'un meilleur soutien à la relève, il était temps que les cinéastes du mouvement Doegmeli quittent la logique de la masse critique. Et prouvent, un à un, la valeur créative de leur rébellion. Dès ce soir, le Zinéma à Lausanne projette les films les plus aboutis du projet Résolution 261, cette initiative visant à réaliser un maximum de longs métrages en trois mois (LT du 10 août).

Parmi les cinéastes les plus satisfaits, le Genevois Frédéric Landenberg est considéré par ses camarades comme l'enthousiaste du groupe. L'un des seuls également à regarder sa contribution non comme un brouillon, mais comme une œuvre terminée. Il est donc logique que son film, 20 Balles de l'heure, soit présenté en éclaireur, au Zinéma à Lausanne, avant que le Spoutnik à Genève et l'ABC à La Chaux-de-Fonds - qui sont intéressés - prennent le relais. Logique et concluant: réalisé sans un sou et en un seul plan-séquence de 66 minutes, 20 Balles de l'heure est une réussite de débrouillardise.

20 Balles de l'heure porte, forcément, les stigmates de ses moyens dérisoires, de ses limites techniques (caméra DV et micros HF) (...) Les acteurs Anne-Loyse Joye, Khaled Khouri, Sybille Blanc, Ian Durrer ou Vincent Babel, venus solidairement, en voisins, improviser quelques heures devant l'objectif. Le mérite de Frédéric Landenberg est d'avoir déniché le seul moyen de surmonter ces handicaps: une bonne histoire, imaginée par Olivier Tscherrig.

L'envol du bébé

Sans la moindre coupe au montage, 20 Balles de l'heure raconte comment une baby-sitter laisse tomber un bébé par la fenêtre du cinquième étage, puis se débarrasse du cadavre, appelle son ami à la rescousse, découvre une société clandestine qui fait accoucher des mamans dans une baignoire et vend leurs poupons dans l'heure, trouve le bambin le plus ressemblant et l'apporte aux parents avant que ceux-ci reviennent à la maison. Ouf. Les acteurs et le cameraman (Landenberg) trottent dans Genève, se croisent et se recroisent durant une heure. Leur souffle est court, toujours plus court. Comme celui du spectateur qui découvre là une énergie tout à fait inhabituelle dans le cinéma romand (et suisse) de ces dernières années. Pari réussi. En attendant les autres films de la Résolution 261.

Thierry Jobin